Couple ou soumission
Aujourd’hui Blandine aborde un sujet vraiment important. Quel rapport a le cavalier avec son cheval ? “Couple ou soumission” ?
” Le cheval élève l’homme à la condition que l’homme n’abaisse pas le cheval “
Marie André Wagner
Grande question métaphysique, de savoir qui sublime l’autre du cheval ou du cavalier. Néanmoins, pour parler de sublimation, il faut parler de respect, de couple, et de symbiose. Instinctivement on retranspose en tant que cavalier, qui nous sommes en tant qu’homme. À vous de choisir quelle personne et cavalier vous souhaitez être, à travers le choix des méthodes et approches utilisées.
On peut en effet obtenir de choisir les choses en force, par la violence, ou en prenant des raccourcis via des méthodes peu déontologiques. Il est à mon sens fondamental de conserver le mental de notre cheval avec nous, qu’il n’ait pas la sensation de subir ce qu’on lui demande. Comme je le dis souvent à mes élèves, cherche à t’en faire un ami. Pour optimiser les performances et la symbiose du couple, on a besoin de s’assurer que notre compagnon souhaite se battre pour nous, et pas contre nous. Quelle tristesse néanmoins de voir encore passer nombre de chevaux blessés, rétifs, blasés, suite à l’utilisation de méthodes trop intrusives ou au manque de tact, de savoir-faire, ou de patience de leur cavalier. C’est précisément là où le cavalier doit apprendre à se définir comme personne. Savoir qui il veut être. Certains choisiront d’imposer leur volonté en soumettant sans recherche de tact ou de bien-être de leur monture, d’autres chercheront au contraire à s’y adapter afin d’aller dans le sens du couple.
Il est relativement facile d’analyser en observant le type de monte d’un cavalier, quel homme il est à terre. On voit transparaître sa patience, ses priorités, sa relation à autrui. On note s’il est déterminé, potentiellement violent, ou à l’inverse placide. On voit également s’il est discipliné, ou à l’inverse dans une recherche plus personnelle. Autant de signes que je trouve assez intéressant d’observer et qui nous en disent long sur son tempérament.
Georges Cuvier disait : ” Dis-moi comment un peuple utilise le cheval, je te dirai quelle est la civilisation de ce peuple, quelle est sa culture “. On pourrait réappliquer cette citation à l’homme. ” Dis-moi comment un homme utilise son cheval, je te dirai quel est son degré de civilisation, et son rapport au monde “.
Tout comme dans la vie réelle, obtenir par la force, la violence, ou en brûlant des étapes, n’est pas une solution durable. Certains chevaux n’y résisteront pas, d’autres s’y résigneront mais risquent de perdre toute étincelle, les derniers se rebelleront. Je me rappellerai toujours de ce cheval chez un grand cavalier, dont la haine de l’homme était telle, qu’il nécessitait plusieurs personnes armées d’un stick pour entrer dans son box, et qui chargeait son cavalier à terre pour le piétiner. Je me suis longtemps demandé ce qu’il avait pu traverser, et quelles méthodes inadaptées et batailles menées (et à priori remportées, mais pas par le cavalier !), il avait dû affronter pour en arriver là. Seul victorieux d’une bataille sans merci, qui n’aurait initialement jamais dû avoir lieu.
N’en déplaise à certains modes de pensée, souvent issus d’une époque où l’équitation était enseignée parmi les ” Arts de la Guerre “, l’équitation n’est pas une bataille, et la soumission pas une victoire. Quelle que soit l’issue, le cavalier en ressortira perdant.
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Pour finir, je citerai Nuno Oliveira : ” Je demande aux cavaliers qui me lisent et qui dressent leurs chevaux de regarder leur monture lorsqu’ils mettent pied à terre après une séance de travail, de contempler son œil et de faire un examen de conscience pour se demander s’ils ont bien agi envers cet extraordinaire être vivant, ce compagnon adorable : le cheval. On a tendance de nos jours à oublier que l’équitation est un art. Or l’art n’existe pas sans amour. “
