Rencontre avec Antonin Vincent, ostéopathe équin et humain
Chez le cheval comme chez le cavalier, dans la vie comme dans le sport, voir un ostéopathe est un vrai plus. Que ce soit pour régler un souci physique ou tout simplement apporter du confort, cela fait maintenant partie des soins qui se font de plus en plus régulièrement. Antonin Vincent, ostéopathe équin et humain a répondu à nos questions sur son métier.
Depuis quand es-tu ostéo ?
J’ai commencé par être ostéopathe humain en 2000, puis équin en 2002.
Qu’est-ce qui t’as donné envie de faire ce métier ?
J’ai toujours voulu faire ce métier depuis que j’ai 7 ou 8 ans. Mais mère était médecin et m’a transmis cette envie de vouloir soigner les gens. J’ai aussi toujours voulu faire ce métier avec les chevaux.
Quelle est la formation à suivre pour être ostéo aujourd’hui ?
Aujourd’hui, il y a une école d’ostéopathie équine sur 5 ans, qui permet de passer un diplôme reconnu sans passer par des études d’ostéo humain ou de véto. Avant il n’y avait rien. N’importe qui pouvait faire une mini formation n’importe où et s’installer comme ostéopathe équin. Maintenant, on ne peut plus exercer sans diplôme. Quand j’ai commencé, tout ça n’existait pas pour les chevaux, donc j’ai dû me former autant que possible sur l’ostéopathie humaine pour ensuite transposer sur le cheval.
Aujourd’hui, est-ce qu’on te contacte plus pour régler un problème occasionnel ou pour du “confort” ?
Franchement, autant pour les deux. Les grosses écuries professionnelles, en général, c’est du suivi régulier tous les 2 ou 3 mois. Pour les particuliers, c’est plutôt occasionnel.
Quels sont les problèmes les plus courants ?
C’est vraiment très vaste. Il n’y a pas de règle.
Quand conseillerais-tu à quelqu’un qui n’a pas l’habitude de le faire, d’appeler un ostéo ?
Tout dépend de l’activité. Sur de l’occasionnels, les principales causes d’appels sont: un cheval qui se coince, boîte ou ne donne plus les pieds. Pour un cheval de promenade ou de loisir, on peut ne pas sentir certaines choses. Mais pour un pro, le ressenti de quelque chose qui ne va pas ou n’est pas comme d’habitude peut orienter vers un besoin d’une manipulation.
À quelle régularité penses-tu qu’il est bien de montrer un cheval de sport ?
Pour un cheval qui fait du concours régulièrement, entre les transports, l’effort physique et le stress, ça vaut la peine de le voir au minimum 4 fois par an.
Est-ce que le sport et la vie en box ont une répercussion importante sur le physique du cheval et qu’est-ce que l’ostéopathie peut faire pour ça ?
Oui, beaucoup. Entre le travail, les transports, les contraintes de l’environnement de vie, enchaînement des concours, etc… Les chevaux ont besoin d’un suivi d’athlète.
Est-ce que tu aurais un conseil que chaque cavalier peut appliquer pour limiter ces soucis physiques que le milieu de vie qu’on leur impose et le sport provoquent chez les chevaux ?
Il faut essayer d’anticiper pour éviter les soucis. Cheval de sport aurait besoin de passer minimum 3 ou 4 h par jour au paddock. Il a besoin de mouvement pour se relaxer et pour le transit. Dans les grosses écuries, les chevaux sortent au minimum 2 à 3 fois par jour et le suivi ostéo essaie de compenser autant que possible les “tensions” qui restent encore. Plus il y a de “tensions”, plus il y a besoin de suivi. Donc mon conseil, ça serait de mettre les chevaux le plus possible dehors. Ça change tout. En plus de leur besoin de mouvement, il ne faut pas oublier qu’ils sont herbivores et qu’ils ont besoin d’en manger une quantité importante. Pas juste un carré de foin une fois par jour.
Et pour ce qui est de l’échauffement et de la récupération ?
Idéalement, il faudrait faire 15 min de balade au pas avant et après chaque séance, le nez en extension en bas. Le stretching après le travail est aussi important que l’échauffement avant. C’est simple à faire, mais ça double le temps de chaque séance. Je suis sportif, mais si je ne m’étire pas 30 min par jour, je récupère mal. Les chevaux c’est pareil. Et plus l’âge avance, plus il faut le faire.
On parle beaucoup de déferrer les chevaux en ce moment. Qu’en penses-tu ?
Déferrer, c’est un beau projet, mais ça ne règle pas tous les problèmes. Une bonne ferrure, ça ne pose aucun problème. Avec les cheveux, on ne peut pas généraliser. Certains seront mieux ferrés que déferrés et inversement. Cela dépend aussi du travail, de l’écurie, des sols sur lesquels le cheval est travaillé, du suivi, etc… Pour le faire correctement, cela demande un suivi très pointu. Ça ne conviendra pas à 100 % des chevaux, mais on pourrait aller vers ça pour beaucoup de chevaux, mais avec des conditions très particulières et qui souvent, vont demander des moyens financiers importants.
Pour terminer, quelles qualités faut-il avoir pour être un bon ostéopathe équin ?
Pour être un bon ostéo équin, je pense vraiment qu’il faut être cavalier de bon niveau pour pouvoir comprendre le cheval et échanger vraiment avec les cavaliers. Si tu n’as pas ces notions-là d’équitation, c’est très compliqué. Il faut aussi de grosses notions vétérinaires pour orienter vraiment le propriétaire. Tout ne peut pas être résolu en ostéopathie. Il faut une synergie entre l’ostéopathe, le vétérinaire, le maréchal, le cavalier et le masseur. C’est fondamental pour optimiser un cheval de sport. On ne peut pas travailler seul.