Comment choisir un étalon pour sa jument
Tous les ans, à quelques mois de la prochaine saison de monte, la même question revient. Quel étalon choisir pour sa jument ? Est-ce qu’il faut forcément choisir un étalon qui fait du haut niveau ? Fabienne Bianchi Luraschi (Haras de Surrain) nous donne son avis.
“Je choisis souvent sur coup de cœur. Ce n’est pas forcément réfléchi. Bien sûr, on essaie de corriger les défauts de nos juments. Ce n’est pas forcément le cheval qui a fait les Jeux Olympiques ou les Coupe des Nations qu’on va choisir, s’il ne convient pas à la jument. Je pense qu’un amateur qui veut se faire plaisir en faisant un poulain doit choisir un étalon qui lui plaise, qui lui fait envie. Idéalement, s’il peut se déplacer pour le voir en vrai c’est bien. Il n’y a rien de mieux que de toucher la matière. Mais il faut vraiment choisir un étalon qui lui plaise.
Pour Discothèque, quand j’ai choisi d’utiliser Heartbreaker, c’était à la fois parce que je l’adorais et parce que je le trouvais complémentaire avec la jument. Elle avait beaucoup de sang, était assez grande et rigide. Je voulais amener de la souplesse et, normalement, il ne produisait pas très grand. Pour la taille, c’est raté, Paradis fait 1,71 m mais par contre il a bien apporté la souplesse. On aurait préféré que ce soit une jument pour la garder à l’élevage, mais on est très content du croisement. Il a été performant jusqu’en épreuve 1,50m et a été ISO 159. C’était aussi un défi d’utiliser Heartbreaker, parce que je n’avais pas beaucoup de paillettes et qu’il ne remplissait pas très bien. Mais avec 6 paillettes on a quand même réussi à remplir 2 juments. L’année d’après, j’ai utilisé Fétiche du Pas. Là, c’était un choix coup de cœur. Je trouvais qu’avec son histoire, il méritait de saillir. C’est un survivant. S’il apportait au moins son mental et son tempérament, c’était déjà super. Et c’est ce qu’il a fait. Pour Discothèque, le choix d’étalon a souvent été pour apporter de la souplesse et de l’équilibre. C’est une bonne poulinière, avec tous les étalons avec qui on l’a croisé, elle a produit des chevaux vraiment concours, avec un mental de guerrier.
Quand on a un étalon “maison”, on ne l’utilise surtout pas sur tout le monde. Déjà, il faut qu’il y ait le moins possible de consanguinité. C’est bien d’aller voir aussi les étalons à l’extérieur. On a Paradis Latin à la maison, on le met sur les juments qui lui conviennent et qui ne sont pas de sa famille. C’est très pratique quand on a un étalon de cette qualité. Comme il est né à la maison, on connait ses qualités, ses défauts, son tempérament. Paradis, on le connaît de A à Z. On ne va pas croiser le frère sur ses sœurs, bien qu’il y en à qui le font. Mais je pense que c’est quand même bien d’aller de temps en temps, au moins une ou deux juments par an selon l’effectif, à l’extérieur. Ça permet quand même d’avoir d’autres origines et d’être ouvert à autre chose.”