Stéphanie Malotaux, créatrice des vêtements Horse Spirit
Stéphanie Malotaux, créatrice des vêtements Horse Spirit, nous présente son parcours, son métier et sa vision pour les créations à venir.
Pour commencer, peux-tu nous parler de ton parcours en tant que créatrice de vêtements ?
L’idée a commencé à germer après l’accouchement de mon 1er enfant en 2005 lorsque j’ai voulu remonter à cheval après cette période. Et là, quand j’ai voulu remettre mes vêtements d’équitation, j’ai eu un déclic car entre deux, j’avais pratiqué d’autres sports comme le fitness, le tennis ou encore la natation et j’ai remarqué que nos vêtements n’étaient pas du tout techniques. Un pantalon en coton avec un peu d’élasthanne et un t-shirt en coton qui garde la transpiration pendant des heures car c’est très long à sécher. Et puis nos vieux vêtements qu’on pensait tenir chaud (sweats ou gros pulls) dans lesquels on est engoncé et qui ne tiennent pas leurs promesses dans les courants d’air. En effet, l’équitation est le seul sport où il n’y a pas de vestiaires, ni de douche pour nous changer. Donc on arrive habillé et on repart habillé de la même façon en transpirant. Sans oublier qu’on arrive souvent bien avant notre cours et on repart bien après notre cours pour profiter des copains et des chevaux, bref de l’ambiance. Tout ça dans les courants d’air l’hiver et la chaleur l’été. Je me suis dit aussi que les fabricants ne nous considèrent pas comme des vrais sportifs car le cheval avait des produits plus techniques avec des couvre-reins ou couvertures adaptés (chaudes et grosses l’hiver et plus légères pour les mi-saisons), mais pour nous cavaliers, RIEN. Ou en tout cas il n’y a pas grand choix et pas vraiment de technicité dans les produits. Mais il est vrai qu’à cette époque, le cavalier était vu comme une personne assise sur son cheval et seul son cheval sautait les barres !!! (rires) Alors qu’on transpire beaucoup à cheval avec notre propre transpiration ajoutée à celle de notre cheval. J’ai donc interrogé mes amis cavaliers amateurs et pro et leur ai demandé où ils s’habillaient et s’ils étaient satisfaits de leur équipement technique ? La réponse est qu’il n’y avait pas grand choix et qu’ils ne sont pas satisfaits. Ils m’ont dit : “Si tu fais des vêtements, développe un pantalon blanc anti-tâche !” Et voilà, l’idée était là ! J’ai décidé de me lancer dans ce projet. J’ai créé ma marque Starzup en mai 2007 et le 1er pantalon blanc Easy Clean est né en octobre 2009. J’ai également travaillé sur des créations de vêtements pour d’autres marques équestres. Depuis 2020, je suis aussi créatrice et associée de la marque Horse Spirit.
Qu’est-ce qui te plais dans la création de vêtements ?
Ce qui me plaît est l’innovation, le fait de concevoir un produit qui n’existe pas ou qui est à améliorer. Et surtout, qui correspond à la demande du client final, le cavalier. Soit je pars du produit à développer et je cherche les matières et la coupe adaptée, soit je pars d’une matière qui me semble avoir un intérêt par rapport au cahier des charges et des besoins des cavaliers pour créer un nouveau produit. C’est cette mise au point qui est intéressante.
Est-ce que tu peux expliquer quelles sont les étapes de création et de développement d’un vêtement Horse Spirit ?
Au point de départ, il y a toujours la demande ou les remarques des cavaliers ambassadeurs souvent ou des magasins ou des pratiquants. Et la réflexion commence à partir de là. D’abord, l’analyse du produit à créer ou améliorer en partenariat avec les intéressés. Ensuite, l’étude de marché, la comparaison des produits existants, prix, couleur, etc. Puis le montage du cahier des charges et la création du dossier technique pour les usines. Viennent ensuite la recherche des bonnes matières (prix, stock, fabrication, délai), de l’usine et la coordination matière et usine. À ce moment-là on détermine les coûts, délais et MOQ (minimum de quantité à produire), puis vient la négociation des prix et des détails de production. C’est ensuite la mise au point du prototype et les corrections. C’est souvent la partie la plus longue car il peut y avoir 3, 4, 5 prototypes, pour la mise au point. Avec les tests des cavaliers des prototypes pour validation en situation concrète. C’est seulement à ce moment-là qu’arrive la production, puis le suivi de production, le contrôle, le respect des délais et des coûts. Ensuite vient l’organisation de l’expédition, la réception et le contrôle au moment de la réception. En amont il faut aussi penser au packaging (étiquettes, emballages, etc.) puis organiser aussi les échantillons pour les shootings photos des produits.
Combien de temps est-ce que cela prend de créer un nouveau produit ?
Tout dépend du produit, mais en général entre 1 an et 2 ans, quelquefois plus.
Chez Horse Spirit, les emballages sont 100% compostables. Le respect de la planète est quelque chose d’important dans ta réflexion pour la création des nouveaux produits ?
Oui, c’est très important. Je pense que lorsqu’on est proche des chevaux et donc de la nature, on se doit de les respecter et de réduire au maximum notre empreinte écologique.
Mon souhait, sur lequel je travaille depuis des années, est une production française. Je l’avais réalisé avec le pantalon Easy Clean, mais c’est vraiment compliqué car tous les savoir-faire sont partis depuis tellement longtemps… Ça bouge beaucoup dans ce domaine, mais ça va prendre encore pas mal d’années pour offrir un produit de qualité française avec un coût correct. En attendant, je travaille sur des nouvelles collections avec des matières recyclées par exemple ou en fibre de bambou qui demande moins d’eau pour leur fabrication.